PRÉSENTATION

TF1 (Télévision française 1) est une chaîne généraliste privée de télévision française.

LA « PREMIÈRE » GRAND PUBLIC

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Logo de TF1

Historiquement, TF1 hérite du réseau de la première chaîne de télévision française. Avec l’éclatement de l’ORTF (1974) qui redistribue les rôles des trois chaînes publiques françaises, la première chaîne émet sous son nouveau nom, TF1, le 6 janvier 1975, et sa grille de programmes évolue. Sa vocation de télévision grand public s’affirme encore, la distinguant des missions d’Antenne 2 et de FR3, l’une plus exigeante et l’autre plus régionale. Elle réunit de nombreux talents de cette télévision populaire qu’elle incarne : Maritie et Gilbert Carpentier, Léon Zitrone, Pierre Tchernia, Danièle Gilbert, Jacques Martin, Guy Lux, Pierre Bellemare, Pascal Sevran, Philippe Bouvard, Stéphane Collaro, Dorothée, Christophe Dechavanne, Patrick Sabatier. Tout en continuant à valoriser une programmation de feuilletons, de variétés, de jeux (Intervilles, la Roue de la Fortune), elle innove en articulant certains pans de sa grille autour des feuilletons américains tels Starsky et Hutch (1978), Dallas (1981) ou Santa Barbara (1985), et en consacrant une part importante de son antenne aux émissions pour la jeunesse, mêlant dessins animés (américains et japonais), marionnettes et séquences éducatives — l’Île aux enfants, les Visiteurs du mercredi (1975-1982). Ceci n’exclut pas, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, une inflexion qualitative symbolisée par 7 sur 7 (Anne Sinclair, 1981) ou Droit de Réponse (Michel Polac, 1981), émission caractérisée par une impertinence inhabituelle sur la première chaîne. À la fin des années 1970, la domination de TF1, déterminée par son expérience et sa position de principale héritière de l’ORTF, est moins flagrante. Antenne 2 améliore sa programmation. Le public de TF1 se restreint. En 1983, la chaîne est devancée par Antenne 2. Il faut trois années pour compenser ce déficit et repasser la barre de 40% d’audience.

LE TEMPS DE LA PRIVATISATION

L’année 1987, avec l’aboutissement du processus de privatisation, annoncé en mai 1986 par François Léotard, marque un tournant. La CNCL, organisme de régulation de l’audiovisuel (voir CSA), attribue la moitié du capital (6 avril 1987) à un consortium d’investisseurs dominé par le groupe Bouygues (25%), associé à Robert Maxwell (12%), à la GMF (3%), aux Éditions mondiales (2%), à Bernard Tapie (1,5 p. 100) et à des banques et groupes de presse. En 1988, Francis Bouygues nomme Patrick Le Lay à la présidence de la chaîne.

TF1 devient une entreprise de télévision commerciale, tenue de respecter un cahier des charges en matière de diffusion et de production d’œuvres originales en provenance de France ou bien d’Europe. Ses ressources proviennent de ses recettes publicitaires (au montant étroitement déterminé par l’audience recueillie), et non de la redevance. Même si elle est concurrencée, elle reste « la » chaîne grand public et joue la continuité. En témoignent certains exemples de sa programmation : disparition de Droit de Réponse (1987) et lancements de Sacrée Soirée (Jean-Pierre Foucault, 1987-1994), du Bebête Show (Stéphane Collaro, 1987-1995), de Ciel mon mardi (Christophe Dechavanne, 1988-1992), ou encore du reality show Perdu de vue (Jacques Pradel, 1990-1997), du Club Dorothée (1987-1997) et du sitcom Hélène et les garçons (1992) ; sans oublier les séries américains : Alerte à Malibu (1991) ou Beverly Hills (1993) ; et sans omettre les incursions vers une télévision de divertissement et d’évasion avec Ushuaïa de Nicolas Hulot (1987), et vers le politique avec Questions à domicile (Anne Sinclair, 1987-1989).

L’AVÈNEMENT DE LA TÉLÉRÉALITÉ

Dans les années 1990, les émissions de variété classiques, présentées par les animateurs vedette de la chaîne, Patrick Sébastien, Patrick Sabatier et Jean-Pierre Foucault, donnent des signes d’épuisement et finissent par être supprimées. Au début des années 2000, la grille de TF1 est bouleversée par l’apparition de la téléréalité. Ce nouveau concept, qui mêle jeu et « vraie vie », et consiste à filmer des candidats dans des situations de la vie quotidienne déterminées, inonde les chaînes commerciales européennes et américaines et est fortement décrié en France comme étant racoleur et propice au voyeurisme. TF1 ne s’y engouffre pas immédiatement et, lorsque M6 est la première chaîne de télévision française à diffuser une émission de téléréalité, Loft Story, au printemps 2001, la première chaîne dénonce, par la voix de son PDG Patrick Le Lay, la « télé-poubelle ». Toutefois, face au succès immense du « Loft », TF1 se lance à son tour dans ce genre télévisuel très lucratif avec une longue série de programmes : Koh Lanta, la Ferme Célébrités, l’Île de la tentation, Nice People, etc. Lancée en 2001, avec des rééditions annuelles, l’émission Star Academy, sorte de « télé-crochet » pour apprentis chanteurs, permet d’allier variété et téléréalité.

LA « CHAÎNE DE LA FAMILLE, DE L´ÉVÉNEMENT ET DU DIRECT »

Si elle attire de nombreux spectateurs, cette programmation n’est pas sans alimenter de nombreuses critiques, d’autant plus qu’elle s’accompagne de la diffusion d’autres émissions de divertissement exploitant le concept de la « télévérité » (Y’a que la vérité qui compte, Confessions intimes, Vis ma vie). La multiplication de ce type d’offres, qui s’additionnent aux jeux plus traditionnels, sur le modèle de formats américains (Qui veut gagner des millions, le Maillon faible), se traduit en 2003 par l’accroissement de la part des divertissements (13 p. 100 de l’offre de programmes de TF1), au détriment des émissions culturelles, moins lucratives en termes d’audience — selon une enquête du CSA, TF1 est en 2002 la chaîne diffusant le moins de programmes culturels. Par ailleurs, même si les magazines d’information progressent depuis 2000 (le Droit de savoir, Sept à Huit), l’information politique est le parent pauvre de la programmation — l’émission phare, 7 sur 7, disparaît en 1997. En outre, dans ce domaine, la chaîne est accusée par ses détracteurs de préférer les sujets de proximité et le sensationnel, au détriment d’un traitement de fond de l’information. Ces critiques touchent aussi les journaux télévisés de 13 heures et de 20 heures, rendez-vous privilégiés de la chaîne, dont la domination sur ces tranches horaires est incontestée.

La programmation de la « première chaîne généraliste grand public et familiale » (telle qu’elle se définit elle-même) fait en revanche la part belle aux magazines de sport — avec notamment l’ancêtre des émissions télévisées, Téléfoot, créé en 1977 — ainsi qu’au direct sportif, pourvoyeur d’importantes recettes publicitaires (avec une longue tradition d’exclusivité sur le football et la Formule 1). Enfin, si la tendance est à la baisse de la diffusion d’œuvres cinématographiques, TF1 remplit ses obligations en matière de quotas de diffusion d’œuvres audiovisuelles européennes ou françaises, avec notamment des séries à succès (telles que les séries policières Navarro et Julie Lescaut) ou encore de grandes sagas saisonnières. Elle se distingue aussi en rachetant les droits de diffusion de séries américaines innovantes, telles 24 Heures chrono, les Experts ou Lost.

LA CHAÎNE N° 1

« Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. »

Le succès de TF1 lui a permis d’entreprendre une politique de diversification, en particulier dans la diffusion par câble et par satellite : entrée sur le câble avec sa filiale LCI (chaîne d’information en continu, 24 juin 1994) et la chaîne Eurosport (1993, en association avec Canal + jusqu’en 2000) ; création, en coopération avec M6, d’une nouvelle chaîne du câble (TF6, 2000) ; lancement, en association avec des partenaires publics (France Télévisions) et privés (M6, la Lyonnaise des Eaux), du bouquet satellite TPS (Télévision par satellite, 1997), qui concurrence le bouquet CanalSat (Canal +) avant d’y être inclus en 2006. Depuis 2005, TF1 est également diffusée en numérique via le réseau de la télévision numérique terrestre (TNT).

Avec une part d’audience de 31,6% en 2006, loin devant France 2 (19,2%), TF1 est la chaîne de télévision la plus regardée par les Français — et constitue une exception en Europe, où les chaînes dominantes réalisent généralement entre 10 et 15 p. 100 de part d’audience. Aussi absorbe-t-elle à elle seule la moitié des dépenses de publicité investies dans le petit écran. Elle réalise en 2006 un chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros, avec un résultat net de 452,5 millions d’euros.

Ce succès hégémonique n’est pas sans alimenter de nombreuses controverses, liées essentiellement au contenu des émissions de la chaîne et aux relations qu’elle entretient tant avec le pouvoir politique qu’avec le monde économique, compte tenu du poids de la publicité dans ses résultats financiers — comme en témoigne la vive polémique suscitée en 2004 par les propos de Patrick Le Lay, extraits de l’ouvrage les Dirigeants face au changement : « à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit […]. Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. […] Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie et se banalise. »